“Parfois, des facteurs externes, comme la guerre ou la découverte d’anesthésiques chimiques, ont fait que l’hypnose a été négligée ; parfois, des facteurs internes, comme les prétentions extravagantes des praticiens, ont consterné des chercheurs plus sobres. Aujourd’hui encore, malgré l’intensité et l’excellence de la recherche universitaire sur le sujet au cours des cinquante dernières années, la prolifération des formes d’hypnothérapie du nouvel âge menace de ternir sa réputation. Et l’hypnose a une réputation fragile : il suffit de peu pour que le grand public se souvienne qu’elle était autrefois considérée comme un tas de bêtises. Mais elle refuse tout simplement de disparaître. Dans l’histoire de la science et surtout de la médecine, d’innombrables théories ont été bloquées sur la route, mais toutes les tentatives pour pousser l’hypnose hors du chemin ont échoué. Sa pérennité témoigne non seulement de sa fascination, mais aussi du fait qu’elle est réelle et efficace. Au XVIIIe siècle et pendant la majeure partie du XIXe, de Mesmer à Elliotson, l’hypnose ou son précurseur, le magnétisme animal, étaient des expériences religieuses. Le sujet atteint souvent une sorte d’extase, et l’hypnotiseur se présente comme un magicien rituel, s’habillant parfois en conséquence et faisant toujours des gestes mystérieux avec ses mains. Braid, Charcot, Bernheim et d’autres ont inscrit l’hypnose dans un cadre plus scientifique, et elle est devenue un outil important dans le domaine, en développement, de la psychologie. Puis Freud l’a maudit, et Ted Barber et ses collègues ont essayé de prouver que l’hypnose n’existait pas. L’hypnose n’est plus aussi centrale dans la recherche psychologique qu’elle ne l’était à la fin du XIXe siècle. La principale impulsion pour la recherche sur l’hypnose aujourd’hui vient de sa valeur en médecine, et même si Barber avait raison, l’hypnose continue d’être utilisée par des cliniciens en activité qui ont souvent peu de temps pour les théories des psychologues expérimentaux.